Les plus jeunes d’entre vous ne connaissent sans doute pas BayCom. C’est en fait la contraction de Bayerische Communications, les Communications Bavaroises, un groupe situé en Bavière (Allemagne) qui a sorti le tout premier modem packet-radio : simple, économique, robuste, le modem BayCom fonctionnait en 1200 Baud avec le désormais célèbre (et disparu…) TCM3105.

En fait, bien avant le WiFi, les radioamateurs communiquaient sur 144, 430 ou 1200 MHz avec une technique appelée packet-radio. Ce système permettait d’échanger des données, des messages, des fichiers, via des serveurs (appelés BBS) installés dans pratiquement chaque région Française, mais également un peu partout en Europe.

Ces communications utilisaient au départ des contrôleurs packet-radio, intégrant un modem 1200 Baud, évolutif rapidement vers 2400 Baud. Certains français avaient même réussi à modifier de vieux modems téléphoniques 1200 Baud pour les faire fonctionner en radio, c’est dire l’imagination qui régnait alors, bien éloignée de la mort clinique actuelle du monde radioamateur.

BayCom donc a proposé un modem simple, une platine on ne peut plus économique. Infracom avait par la suite développé une platine sur ce modèle, platine distribuée à un nombre incroyable d’exemplaires. Ce système modulait les données, les passait par radio, et de l’autre côté, en réception, démodulait les données pour les envoyer vers le PC. Simple, je vous l’ai dit ! 🙂

BayCom fit alors évoluer ses platines, en sortant des cartes PCI, les cartes USCC :

Ces cartes disposaient de 4 emplacements modem, permettant donc de gérer 4 liaisons radio simultanées ! Idéales pour relayer, modules à l’infini, c’était le must technologique de l’époque !

Rapidement, des modems plus évolués sont sortis, allant jusqu’à 76800 Baud : les EPPFLEX !

Connectés sur port parallèle (LPT), ils offraient un débit jusque là inégalé par les radioamateurs, hélas réservé aux rares possesseurs d’émetteurs radios capables de les “encaisser”.

Baycom proposait également un logiciel de serveur de messagerie, le BayCom Mailbox, diffusé gratuitement, très répandu en Allemagne, peu utilisé en France, là où les radioamateurs préféraient le célèbre FBB, développé par Jean-Paul, F6FBB.

A cette époque, hors de question de réaliser des réseaux rapides, les technologies radio ne le permettaient pas ! On ne parlait pas encore de 150 Mbps comme c’est désormais devenu la norme 😉 Tout était installé par des passionnés, donnant leur temps et leur argent à une communauté très souvent insatisfaite et enclin à polémiquer autant que possible.

Votre serviteur en a fait partie très longtemps, installant et gérant des systèmes de messagerie ou des relais en région Lyonnaise, tentant de coordonner les bonnes volontés en provoquant quelques réunions. Le réseau s’était mis en place tant bien que mal et fonctionnait relativement bien, en dépit des conflits humains nombreux et difficiles à éviter dans ce domaine. Cétait une époque agréable où chaque mise en place permettait d’apprendre de nouvelles techniques, de parfaire ses connaissances techniques et de passer d’agréables moments à bricoler, souder, et tester au sommet des montagnes.

En déménageant dans l’ouest de la France, la situation a changé : c’était le désert radio, le désert packet ! Au sein du radioclub de St Nazaire, jalousies, égo démesurés, absence de motivation pour avancer, rien n’a été épargné, conduisant à un abandon rapide d’une licence radioamateur qui devenait sans cesse plus pesante, délaissant ce monde vieillissant qui se satisfaisait de ses acquis sans pour autant vouloir avancer, vouloir innover. La situation était identique sur Nantes, le packet-radio étant dans les mains de quelques personnalités inamovibles, campées sur des positions d’un autre siècle, peu désireuses d’évoluer ou de travailler ensemble. “Si tous les gars du monde…”, telle était la pseudo devise radioamateur du moment, souvent citée, mais rarement appliquée.

Quelques années plus tard, l’apparition du WiFi et l’implantation rapide d’internet allait provoquer la mort de ces activités associatives… A ce jour, le radioamateurisme français semble mort, les revues spécialisées ont disparu les unes après les autres, et le semblant de fédération nationale ne semble plus remporter les suffrages de la majorité des licenciés.