Ce billet s’inspire d’échanges avec un client, des échanges particulièrement intéressants sur un plan technique.

Vous n’avez pas de haut débit et vous voulez créer un bridge WiFi pour récupérer une connexion située à 3 ou 4 km sans obstacles de votre domicile ? Facile, vraiment facile, sauf que, vous habitez en région montagneuse… et là, c’est le drame… enfin pas totalement, pour peu que vous pensiez du départ à prendre quelques précautions élémentaires.

Premièrement, qui dit montagne dit neige, glace, et températures inférieures à zéro degrés. Il va donc falloir :

  • penser à protéger les antennes de la prise au vent, de la prise de neige
  • penser à réchauffer le matériel si les températures sont vraiment polaires
  • penser à protéger le câble POE qui va alimenter ce petit monde, via une gaine ICTA par exemple, sinon la gaine extérieure risque fort de ne pas durer au fil du temps

Qui dit montage, dit également une nature plutôt libertine : à vous les coups de vent, les orages, et le désespoir si vous n’avez pas anticipé, avec par exemple un parafoudre, un para-surtenseur, voir un onduleur pour résister aux micro-coupures. Tout ce petit matériel n’a l’air de rien, mais pourrait fort bien sauver une installation.

Si vous vous installez sur un pylône déjà en place, vérifiez qu’il dispose d’une bonne tresse de mise à la terre, généralement une gaine épaisse qui court sur l’un des montants et qui plonge sous le socle béton. Sans cela, point de protection foudre !

Pensez également à bien serrer vos fixations, quite à les bloquer avec une pâte spéciale. Pour réchauffer les antennes ou le matériel, il existe des fils chauffants que vous pourrez installer facilement, avec un peu d’astuce et de bricolage maison. Les matériels professionnels sont eux chauffés ou placés dans des zones à température régulée : ce ne sera pas votre cas, il faudra anticiper et jouer d’imagination.

Si votre installation est destinée à desservir plusieurs foyers, pensez à avoir des pièces de rechange, surtout pour le site principal, celui qui va acheminer tout le trafic. Pensez également à vous déclarer opérateur auprès de l’ARCEP : c’est gratuit si vous ne dépassez pas 1 M€ de chiffre d’affaire annuel 😉

La mairie locale, peu au fait des technologies modernes, vous demandera souvent quel est le risque sanitaire de tout ceci, une façon souvent bien détestable pour botter en touche et chercher à vous décourager. N’oubliez pas que vous utiliserez la bande WiFi 5 GHz, à la norme 802.11an, avec une législation à respecter : le matériel la respectera impérativement car, à partir du moment où vous avez choisi le bon pays, la fréquence et le gain de l’antenne, la puissance va automatiquement s’adapter pour respecter la PIRE.
Vous pouvez en outre argumenter en présentant la puissance de votre émetteur TV digital local (en kW très souvent) dont les fréquences se situent à proximité de celles des téléphones mobiles, et comparer avec les quelques mW nécessaires sur votre liaison WiFi 5 GHz : aucune comparaison, et pourtant, il ne viendrait à personne l’idée de couper ce brave émetteur, privant toute une vallée de ce brave Jean-Pierre Pernaut à 13h sur la chaine Primaire 😉

Bon courage en tout cas, sachez surmonter les obstacles et les anticiper :

  • ça rayonne : oui, mais moins que la téléphonie mobile, moins que la TNT et sur une fréquence propre.
  • un accès satellite est plus simple : oui, mais le satellite est limité, avec des temps de latence importants, lui aussi rayonne car il émet environ 1 W en micro-ondes, et là, il est dangereux de se positionner à proximité immédiate de la parabole !!
  • vous avez le Wimax dans votre région : certes… à 2 Mbps, la belle affaire…
  • la fibre arrive : oui, mais quand ? 🙂
  • France Telecom et le Conseil Général vont nous installer un NRA ZO (Zone d’Ombre) en 2014 : c’est dans 2 ans, j’ai besoin de haut débit pour travailler, pour mes enfants, pour mes accès administratifs !