Je commence parfois à penser que ce blog sert à quelque chose puisque les demandes concernant les zones blanches se font de plus en plus régulières. La question qui revient souvent est : comment faire ?
Pour devenir WISP (Wireless Internet Service Provider , fournisseur d’accès internet sans fil ), j’aurais tendance à répondre qu’il faut considérer TROIS critères de base :
- quelle est la taille du tuyau internet disponible ?
- comment allez-vous éclairer les zones ?
- combien d’utilisateurs ?
La taille du tuyau internet :
En fait, les critères 1 et 3 sont totalement reliés : vous n’utiliserez pas le même débit pour 10 ou 100 clients. Généralement, le village à couvrir ne dispose pas d’une connexion ADSL extraordinairement puissante : il faudra aller se brancher sur un village voisin en utilisant un FH (Faisceau Hertzien) ou un bridge 5 GHz MIMO pour obtenir un débit maximal. On peut utiliser un bridge plus simple certes, mais considérons du départ les possibilité d’évolution de votre installation et évitons d’investir pour ensuite devoir réinvestir : un Rocket 5M pourra largement écouler votre trafic, même important, chose qu’une Nanostation 5M ou qu’un Bullet 5MHP auront un peu plus de mal si vous chargez au maximum.
Dans le village voisin donc, il vous faudra disposer soit d’une fibre, soit de xx arrivées ADSL regroupées en une seule ligne TRES haut débit. La fibre peut être disponible dans le central téléphonique local, généralement quand il est dégroupé. Mais attention aux coûts, cela reste souvent exorbitant : frais d’installation, frais d’infrastructure pour la tirer au plus proche, etc. C’est une solution géniale pour des centaines d’utilisateurs, peu viable si vous n’avez que 10 abonnés 😉
Le regroupement de lignes ADSL se fait lui via un opérateur spécialisé. Situé à côté du DSLAM (arrivée ADSL), pour faire économique, vous pouvez bien entendu envisager une ligne ADSL 15 Mbps pour 2 ou 3 abonnés, mais ce ne sera pas viable à long terme. Mieux vaut parfois payer 600 EUR de ligne groupée et disposer de plusieurs Mbps descendants, que de bricoler des sous réseaux ici et là 😉
Comment éclairer les zones :
Vous avez déjà déterminé quel territoire couvrir en sans-fil, il faut maintenant savoir où implanter les modules qui vont “éclairer” cette zone. Châteaux d’eau, clochers, pylônes, mâts publiques, ce sont autant de pistes à creuser, pour peu qu’ils soient bien dégagés : n’allez pas fixer votre module dans un vallon, vous perdriez du temps et de l’argent ! Là, le soutient actif de votre commune, communauté de communes, ou département sera essentiel, ne serait-ce par exemple que pour accéder à des installations municipales, profiter des services techniques locaux (nacelles).
Généralement, pour éclairer, nous utilisez des Rocket 5M associés à des antennes sectorielles 120°. Pour un éclairage omnidirectionnel, vous implanterez ainsi 3 de ces modules, tout simplement, sur des fréquences distinctes. C’est exactement le principe utilisé par les opérateurs Wimax, avec xx cellules sur chaque site et un maximum de 25 km de couverture. Nous aurons l’occasion de revenir d’ici quelques temps sur ce principe.
N’oubliez pas que l’éclairage ne fonctionnera qu’en l’absence d’obstacles : forêt, monts, bâtiments, ce sont autant de facteurs aggravant la propagation des ondes ! Si vous n’arrivez ainsi pas à éclairer tout le territoire, vous devrez envisager plusieurs relais, reliés entre eux par des bridge 5 GHz MIMO ou toute autre solution destinée à transporter des informations d’un point A vers un point B.
Tester :
Tester est le plus important, avant de décider d’une liste de matériel ou d’une autre. Positionnez un module Rocket 5M associé à une antenne sectorielle 120° et déplacez vous, munis d’un PC portable, d’un mât télescopique et d’une Nanostation 5M avec un injecteur POE 12 V branché sur l’allume-cigare pour venir vérifier l’étendue de la couverture. C’est simple, économique, et vous aurez rapidement une idée précise des zones couvertes. Pas besoin d’internet dans ce cas, le seul signal radio suffira à déterminer la faisabilité.
Communiquer :
Vous avez acquis le savoir faire, mais il vous reste à le faire savoir : réunir les utilisateurs potentiels, proposer le projet, chiffrer l’investissement en fonction du nombre de participants. Là encore, la Mairie peut vous aider, via son bulletin municipal, via des déposes en boite aux lettres aussi : n’hésitez pas à les impliquer, et communiquer sur la possibilité de relier enfin l’école communale au réseau internet, la possibilité de relier les différents services municipaux entre eux, etc. Apporter internet n’est pas anodin, c’est l’accès aux informations désormais indispensables de nos jours.
J’espère que ces quelques pistes, certes rapides, pourront vous donner des idées. Il y aurait beaucoup à rajouter, sur l’aspect législatif (respect des puissances) et déclaratif (ARCEP), aussi j’imagine que les commentaires éclairés risquent de ne pas manquer du coup 😉 A vos claviers !!
Si le reseau est destine a avoir une grande couverture et beaucoup d’utilisateurs, les bridge en Layer 2 (ethernet like) sont a eviter et il faut un reseau route (OSPF par ex) ainsi qu’un systeme pour authentifier les utilisateurs (Radius + PPPoE par ex).
Etant pour ma part un fan de Mikrotik, voici une presentation interessante pour commencer:
http://mum.mikrotik.com/presentations/EG07/lutz_kleeman.pdf
A noter que dans leur reseau il y a un seul concentrateur PPPoE, pour ma part je pense qu’il est preferable de mettre un concentrateur a chaque POP et router les addresses en OSPF, ceci afin de limiter le traffic entre les tours lorsque les usagers s’echangent des fichiers par example. C’est aussi plus resistant aux pannes.
Aussi il est indispensable de controller l’utilisatuion de la bande passante (traffic shaping). Et eventuellement de limiter le debit a certaines heures, a certains usagers (10% des utilisateurs consomment 90% des ressources).
Enfin pour finir il est indispensable de superviser le reseau, d’etre prevenu par SMS lorsque un pylone passe sous batterie, … A distance, via un VPN par ex. il est primordial de pouvoir diagnostiquer les pannes a distance. En effet 80% des operations de maintenance sont le fait des usagers (virus, firewall, …), il faut pouvoir par telephone faire le bon diagnostic pour eviter les deplacements (ce qui coute cher dans la maintenance).
Voila pour ma petite contribution.
Bon courage avec les robins des toits ^^